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Bouillon de poney

« Viens voir maman ! »

Elisa Téton •

Non, nous ne sommes pas les parents de nos chevaux.

Ça fait un petit bout de temps que ça me trotte dans la tête… Vous avez du voir passer, vous aussi, des articles intitulés « Les chats nous prennent pour leur parents ». Je ne sais pas ce que ça vous a fait mais moi ça m’a drôlement énervée, parce que je trouve que c’est sacrément prendre les chats pour des imbéciles que de penser qu’ils nous prennent pour leurs parents. Bon, après, comme il y a aussi beaucoup d’autres choses qui me choquent dans notre monde, j’ai ruminé ruminé ruminé, ça a fait une boule que j’ai mis de côté.

Et puis il y quelques semaines, en entendant quelqu’un s’appeler la « Maman » de son cheval, ça m’est revenu tout d’un coup. Rien d’exceptionnel, on entend ça tous les jours avec les chevaux mais aussi les chats, les chiens, puis tous les autres j’imagine. Alors je suis allée lire ces articles sur les chats, puis l’article scientifique relatant l’expérience. Et alors là, j’ai pas été déçue ! Rien dedans, et je dis bien RIEN n’évoque ni de près ou ni de loin la parentalité ! L’étude porte sur l’attachement sécurisant que peut avoir un chat avec l’humain qui s’en occupe. Voilà. Alors pourquoi on en arrive là ? Pourquoi n’est-on pas capable de penser l’attachement autrement que par le lien parent-enfant de notre joli modèle familial actuel, la famille nucléaire ? Pourquoi prend-on les animaux pour nos enfants, se prend-on pour leurs parents ? Au départ, c’est sûrement une bonne intention et un manque de vocabulaire. On refuse le mot « propriétaire », qui renvoie l’animal au statut d’objet, et ça, on n’aime pas et c’est tant mieux. Et puis on n’a pas de mot comme « care-taker », le « preneur de soin », le « préoccupé ». Et il y a l’envie, très compréhensible, de faire apparaître la dimension affective du lien.

MAIS : ce n’est pas sans conséquence dans notre façon d’envisager l’animal et de nous positionner.Les mots sont importants. Ils définissent nos cadres de pensée. Le risque donc, c’est d’instaurer une relation qui porte les écueils de la relation parentale. L’infantilisation, par exemple, va être le fait de le considérer et de le traiter comme un être immature, donc non abouti, incomplet… L’infantilisation des enfants est fortement remise en question de nos jours, on recherche plutôt son autonomie, la mise en avant de ses compétences etc.

Mais en plus, la plupart du temps, le cheval est dans un état de maturité équivalent au nôtre. Et son infantilisation peut avoir pour fâcheuse conséquence d’occulter ses capacités. Pourtant il n’en a pas moins, il n’est pas immature, il est juste d’une espèce différente. Il a des tonnes de capacités bien meilleures que les nôtres et qui ne sont pas mises en valeur.

Mais alors, quels mots poser sur cette relation, me direz-vous ? Comment on l’appelle, notre cheval, si on peut plus dire « mon bébé » ? Comment on s’appelle, nous, si on peut plus dire « Maman » ? Une des réponses, la mienne, serait de dire : selon ce qui nous relie à lui, vraiment. Selon ce qu’on partage avec lui. Selon ce qu’on fait avec lui.

Collègue, partenaire, compagnon, coéquipier… Ce n’est qu’un début de liste, n’hésitez pas à mettre vos idées en commentaire !Et plus largement et mine de rien, ce petit bout de la lorgnette permet d’entrevoir une GRANDE QUESTION : Quel est le sens actuel de notre rapport aux chevaux ? Le sport ? Le travail ? La compagnie ? Le transport ?

Quels rapports, quelles relations souhaite-t-on entre les humains et les chevaux ?À nous de réinventer tout ça, on en a bien besoin… et eux encore plus !

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1 comentario


milene chouard
15 may 2022

j'appelle les miens bébé ou chouchou mais aussi grand crétin, cornichon ou paxou (pour pax) ou bann (pour urban)... je n'y met pas je pense, d'arrières pensées, je ne me suis jamais surprise, je crois, à dire maman en parlant de moi, quand j'en cause, je dit que je suis leur humaine ou leur gardienne ...

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