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Et si on était un peu plus humbles ?

J’ai mis du temps à prendre la parole. Parce que je ne voulais pas le faire n’importe comment, que je voulais trouver les mots les plus justes possibles pour exprimer clairement mon point de vue. C’est pour cette raison également, que mon propos se trouve ici et non pas sur les réseaux sociaux, car il va me falloir plus que quelques centaines de mots.


Ce texte est long, prenez un moment où vous avez du temps pour le lire, car tout ne peut pas toujours être résumé à quelques mots dans une publication sur les réseaux sociaux.


Voici le sommaire de ce que je vais ici aborder : 


  • 1 Non, tout le monde ne peut pas discuter d’un même sujet à la même hauteur.

  • 2 Biais de fréquence et biais de confirmation, culture du fast et complexe du sauveur.

  • 3 Ils scient la branche sur laquelle ils sont assis.

  • 4 Une injonction à la perfection pour un cheval qui n’est pas une machine.



1 Non, tout le monde ne peut pas discuter d’un même sujet à la même hauteur.


Nous assistons depuis quelque temps maintenant à un lynchage médiatique presque systématique de tous les contenus équestres et tout particulièrement des contenus de dressage. (Que le dressage soit spécifiquement visé s’explique, et nous y reviendrons plus tard). 

Qu’il s’agisse de journalistes ou d’équitants du dimanche, de soi-disant professionnels de soins équins, tous s’expriment sans humilité ni modération sur les réseaux sociaux ou dans de mauvais journaux. On entend/lis beaucoup moins les cavaliers qui travaillent consciencieusement leurs chevaux, ceux qui les élèvent et ceux qui les soignent vraiment.

Heureusement, une poignée existe qui tente de faire face et de résister à cette sinistre mouvance en produisant un contenu honnête et renseigné.


Cela me rappelle un autre univers qui me servira ici d’allégorie pour tenter d’expliquer mon propos.


En tant qu’illustratrice détentrice d’un diplôme national d’expression plastique obtenu après cinq ans d’études en art et une année de prépa, écouter les murmures dans les musées m’a toujours à la fois agacé et amusée. Il y a trois catégories de visiteurs ; les avertis, les non-avertis, et ceux qui pensent l’être.


Les avertis s’étalent peu devant une œuvre, à moins d’être accompagnés et de transmettre un savoir à qui ne connaîtrait pas l’histoire, l’origine, la spécificité de l’œuvre ou de son auteur etc. Ils ne s’étalent pas parce qu’il n’y a pas besoin et que si besoin ou envie il y a, alors quelques mots ne suffiraient pas à exprimer ce qui les traverse en cet instant. La trivialité d’une appréciation sur le pouce étant relativement peu intéressante. Le “j’aime” ou “je n’aime pas” ne regardant que soi-même s’il n’est pas argumenté en connaissance de cause et encore.

Pour autant, les discussions passionnées peuvent naitre entre avertis qui n’ont pas besoin de s’enseigner l’un l’autre à propos du sujet. Ces fameuses discussions lors desquelles le non-averti, souvent un peu gêné, se fend d’un “vous parlez chinois, je ne comprends rien !” avec un petit rire nerveux en guise d’excuse. Nous l’avons tous un jour vécu.

D’ailleurs, ça ennuie, ça énerve, de se sentir exclu d’une discussion et si dans l’assistance la majorité ne comprend pas, elle fera systématiquement sentir son agacement et redescendre le débat à son niveau. C’est le principe du nivellement par le bas.

Ce phénomène n’est pas trop gênant lorsqu’il se produit dans une soirée entre amis par exemple, car le projet n’est pas forcément de transformer le moment en cours magistral sur la question du sfumato. Néanmoins, le niveau général de la discussion sera abaissé pour convenir à tous. “Passe-moi le sel Hervé ! Vous avec vu la météo ? Il fait un peu froid non ?”.


Je pense que vous commencez à comprendre pourquoi ce parallèle n’est-ce pas ?


Continuons donc avec cette allégorie des visiteurs du musée.

Les non-avertis n’ont en leur possession que leurs sentiments immédiats, “j’aime”, “je n’aime pas” qui peuvent être agrémentés de raisons tout à fait prosaïques : “C’est moche” “c’est joli” “je n'aime pas la couleur” etc…

Souvent ces personnes se défendent avec la fameuse phrase : “On a bien le droit de donner son avis, après tout, l’art, c'est subjectif, c’est une question de gout et de sensation ou de sentiment devant l’œuvre”.

Et bien que cela soit en partie vrai, il n’en reste quand-même pas moins qu’il s’agit d’une appréciation fortement appauvrie.

Sur les milliers de touristes qui s’entassent quotidiennement au Louvre devant la Joconde, combien savent exactement pourquoi elle est si célèbre ? 


On dirait que je digresse, mais en fait pas vraiment, car il s’agit d’expliquer que l’on ne peut apprécier réellement une chose que si l’on sait de quoi il s’agit. 

Quand une personne critique un passage parce que le cheval ne se juge pas, je me demande vraiment s’il sait ce qu’il regarde par exemple. Ou encore quand Jeanine commente sous la publication d’une fourchette qui mue, avec une assurance incroyable “C’est un crapaud, il faut opérer”, il y a de quoi se poser des questions...

Une appréciation tronquée de connaissances engendre inévitablement une réponse dénuée de connaissances.

Et je ne parle même pas de cette dame derrière moi dans les gradins devant un grand prix de dressage disant à sa fille “oh bah toi aussi, tu fais ça au club”.


C’est à cet endroit que nous tombons dans la catégorie de ceux qui pensent savoir. La pire à mon avis. Ceux-là ont quelques notions, car ils sont férus, passionnés, mais débutants ou mal renseignés. Et attention, nous y sommes tous passés inévitablement ! 

Ne pas savoir n’est pas un problème, nous sommes tous des ignorants à un moment donné sur un sujet donné. Mais pourquoi est-il si compliqué de ne pas commenter et de rester humble quand on ne sait pas ?


La réponse est assez simple, tout le monde veut pouvoir participer/jouer. Sauf que jouer sans connaître les règles est assez vite et limité et compliqué. Nous assistons alors à des situations invraisemblables avec des personnes qui ne connaissent pas les règles, mais qui veulent, soit donner leur point de vue mal avisé, soit transmettre ces règles qu’ils ne connaissent pas aux autres. Et ainsi Jeanine apprendra à Jacqueline que son cheval trotte à faux (je ne parle pas du cavalier qui trotte sur le mauvais pied hein). Et si Jeanine n’est pas assez bien entourée, elle cherchera à faire trotter son cheval à juste. Et là, franchement, même avec beaucoup d’imagination, j’ai du mal à me faire une image.


2 Biais de fréquence et biais de confirmation, culture du fast et complexe du sauveur.


Le problème des réseaux sociaux, c’est qu’ils mettent tout le monde au même niveau, ainsi, ne sachant pas de qui vient le commentaire, ni son niveau d’érudition, tout le monde peut sembler s’exprimer à la même hauteur, sur un pied d’égalité. 

On retrouve alors cette rengaine un peu trop actuelle de “c’est ma liberté d’expression, j’ai le droit de dire et penser ce que je veux” “pourquoi lui et pas moi” etc etc…


Se créent ainsi des effets de masses au fur et à mesure que les bienfaits d’internet en rencontre les défaut.

Comme, par exemple le biais de fréquence ou phénomène Baader-Meinhof qui consiste à voir partout une chose que l’on vient de découvrir, couplé au biais de confirmation qui fait que l’on cherche à voir cette chose pour la confirmer justement. Quitte à produire du contenu ou des commentaires pour augmenter son degré d’apparition.


Le biais de confirmation, également dénommé biais de confirmation d'hypothèse, est un mécanisme cognitif qui consiste à privilégier les informations confirmant ses idées préconçues ou ses hypothèses, ou à accorder moins de poids aux hypothèses et informations jouant en défaveur de ses conceptions, ce qui se traduit par une réticence à changer d'avis. Ce biais se manifeste chez un individu lorsqu'il rassemble des éléments ou se rappelle des informations mémorisées de manière sélective, les interprétant d'une manière biaisée. Wikipédia


Jeanine et ses amis ont récemment appris grâce à une vidéo tout à fait sérieuse ce qu’est l’hyperflexion. C’est une bonne chose en soi puisqu’ils ont appris quelque chose d’important à savoir. Sauf que désormais, ils verront de l’hyperflexion partout, même quand il n’y en a pas.

On apprend que bidule a un jour mis du marshmallow sur les lèvres de son cheval pour simuler une salivation et soudain tous les chevaux qui salivent ont du marshmallow collé aux lèvres.

Et ça fonctionne pour presque tout,



les muserolles sont forcément toutes trop serrées, les chevaux ont forcément tous des expressions de douleurs, d’ailleurs, ils sont forcément tous maltraités, mal montés, mal saddle-fitté, mal bit-fitté, mal alimentés, mal transportés.

Et ainsi, avec une conviction sans faille, certains équitants et pseudo-professionnels assassinent leur propre sport, art, passion, métiers…


Il ne s’agit pas de nier la maltraitance lorsqu’elle existe, mais de ne pas la voir partout là où elle n’est pas. De ne pas en arriver à raconter des inepties, parce que l’autre fait forcément moins bien que soi. Et surtout, parce que par-dessus tout, il faut avoir raison, et faire partie du jeu !


On observe deux choses, la croyance que l’on sait et le manque d’humilité, le tout souvent couplé à une espèce de complexe du sauveur.


Le manque d’humilité est, à mon sens, directement lié à la remise en question systématique des autorités compétentes. Le prof, le sélectionneur de l’équipe, le juge, l’arbitre, l’instructeur ou encore l’athlète sont tous de fieffés incompétents comparés à Ginette qui a quand-même fait une formation express de trois mois en saddle-fitting, biomécanique équine, dentisterie et chamanisme.

Alors, je ne dis pas que parmi les vieux singes, il ne réside pas quelques débiles qui même après 40 ans d’expérience n’ont toujours rien compris, mais globalement, j’aurai malgré tout tendance à leur donner plus de crédit qu’à Ginette.

Ceci est malheureusement lié à la tendance générale qui veut que l’on remette plus facilement en question le prof que l’élève.


Quant au complexe du sauveur, il est également symptomatique de la situation sociale actuelle. On n’a jamais vu autant de propositions de coaching de vie, de bien-être mental, de yoga, et autres pratiques de bien-être spirituel. Et peut-être plus dramatique encore, ces services qui touchent à la santé mentale peuvent aussi bien être dispensés par des personnes ayant fait plusieurs années d’études en psychologie que par des personnes ayant suivi une formation express de 3 mois (et encore, il y a des formations sur un week-end !!!)

Bienvenue dans la culture du fast.


Mais comment voudrions-nous avoir une bonne santé mentale quand plus rien n’a de valeur et que tout vaut tout ? Bon, c’est un autre sujet, recentrons-nous.


Pour donner un exemple concret du complexe du sauveur renforcé par la mise à plat des valeurs, prenons cet exemple : avant, les enfants s’imaginaient que les poneys du voisin étaient mal nourris et ils jouaient à les sauver et à croire que les poneys leur appartenaient. Ce jeu n’avait pas d’autre incidence qu’une bonne soufflante s’ils franchissaient les barrières ou les fils. 

Aujourd’hui ces mêmes enfants imaginent toujours que les poneys du voisin sont mal nourris, sauf qu’ils postent des publications sur les réseaux sociaux qui seront approuvées et soutenues bêtement par certains adultes leur donnant alors non seulement du crédit, mais également une dimension démesurée.


Seulement voilà, si cette attitude infantile est validée et soutenue comme valable, c’est parce qu’elle s’observe désormais aussi chez certains adultes. Et il est surprenant de voir à quel point le complexe du sauveur est répandu.

Pour autant, nous n’en sommes pas à quelques contradictions près. Voir des photos de Ginette en train de câliner un cheval au dos creusé par un travail manquant ou à l’envers, licol corde mal ajusté, du foin grisâtre dans un filet à nœuds, accompagné de la description “Il faut arrêter de maltraiter les chevaux de haut niveau, nous ici, on les travaille dans le bon sens”, on est quand-même en droit de se poser des questions sur les compétences de Ginette à reconnaître le mal-être des chevaux de grand prix et des chevaux tout court.


3 Ils scient la branche sur laquelle ils sont assis.


Parmi les gens qui critiquent en mal, il y a ceux qui ne se montrent pas à cheval, les plus courants, et puis ceux issus de ce que j’appelle les sectes, qui montrent à quel point ils devraient être au JO…ou pas. Parce que montrer une figure isolée, c’est une chose, mais pouvoir l’enchaîner avec une autre, c'est encore autre chose.


Nous parlerons des gens qui ne se montrent pas à cheval mais critique, un peu plus en détail après, mais je veux d’abord aborder la question des sectes équestres.


Le vivier des sectes est constitué de personnes qui échouent en équitation classique, ceux qui sont dans une difficulté qui fait qu’ils n’arrivent pas à progresser. Soit parce qu’ils ne sont pas assez assidus, soient parce qu’ils manquent de tact, soit parce qu’ils veulent aller trop vite, culture du fast et gratification instantanée, etc. Parce que soyons honnêtes, si un cheval peut être monté correctement, dans le bon sens, et avec légèreté par Lisa, mais que Sidonie n’y parvient pas, le problème ne vient pas du type d’équitation, mais de Sidonie. 

Sauf que Sidonie préfère critiquer le coach qui est vraiment trop nul que de se remettre en question. Et c’est là que les sectes se frottent les mains, en proposant à Sidonie une équitation à sa hauteur. Non, ce n’est pas elle qui a tort ou qui ne sait pas faire, ce sont les autres qui ne savent pas. Non, ce n’est pas elle qui manque de compétences ou d’expérience, ce sont les juges qui ne savent pas ce qu’il faut regarder. Et d’ailleurs, c'est normal que personne de la secte ne soit en grand prix puisqu’ils sont les seuls détenteurs du grand “sachoir” équestre et que les juges les noteront forcément mal puisqu’ils ne “sachent” pas.

En découle un mépris pour tout ce qui n’est pas issu de la secte et une justification pour critiquer ouvertement tous les cavaliers qui suivent un cursus classique.


Et sans se rendre compte qu’aux yeux des défenseurs des droits des animaux (qui n’y connaissent strictement rien aux animaux, mais nous y reviendrons) un cavalier est un cavalier, qu’il soit issu de la secte ou non, ce petit monde s’attèle à scier joyeusement la branche sur laquelle il est assis.


Parlons maintenant de ceux qui ne se montrent pas mais critiquent. 

Le fait de savoir faire n’a rien à voir avec le fait de pouvoir regarder et observer pour “juger”. Ce n’est pas parce que Ginette ne sait pas faire une pirouette au galop qu’elle ne peut pas observer que la pirouette est un peu trop grande, qu’un changement de pied passe en deux temps ou que le cheval fait pieds joints etc…

Ces observables sont aussi évidents qu’une barre qui tombe en CSO, ce sont des fautes factuelles. Il sera également possible pour n’importe qui de voir des éperons rentrer dans la peau du cheval, ou les mains qui mettent de grands à-coups.


Ensuite, il faut commencer à avoir quelques véritables compétences, mais il est possible, pour une personne habituée à observer, de voir un cheval qui n’engage pas, qui tombe sur son avant-main ou qui creuse le dos. Et de la même manière, un cavalier qui se penche trop en avant, creuse le rein ou remonte ses genoux.


Et enfin, il y a tout ce qu’on ne peut pas juger sans y avoir mis les mains, le serrage de la muserolle, la tension dans les rênes, l’ajustement de la selle, les hémorroïdes du cavalier.


Pourtant, on voit fleurir tout un tas de publications assassines sur des éléments qu’on ne peut tout simplement pas juger. Ainsi Ginette postera une photo d’un cheval avec une muserolle en hurlant que c’est horrible et qu’elle est trop serrée alors que c’est impossible de le voir. On peut totalement être défavorable à l’usage de la muserolle, et c’est mon cas, et avoir conscience que sur une photo, à part en juger le placement, on ne peut pas juger du serrage.

En outre, on peut également être défavorable à l’usage d’un outil sans hurler à la maltraitance à chaque fois qu’on en voit un. Il est préférable de discuter pour comprendre les raisons de son usage par les cavaliers qui s’en servent plutôt que de crier au scandale bêtement à chaque fois. Promis, on apprend des choses intéressantes.


Mais au-delà de l’observation, le vécu rend humble. Et c’est sur ce point-là que le bât blesse et que celui qui ne se montre pas, mais critique, va se voir “agressé” par ce fameux commentaire “bah montre nous si tu es si fort !” 

Alors non, Jean-Phi, ce n’est pas une question d’être capable comme on le disait plus haut, mais de savoir où nos connaissances, nos compétences et notre expérience s’arrêtent. 


Cependant, une chose est sûre, celui ou celle qui essaye vraiment de dresser un cheval sait à quel point c’est une chose à la fois merveilleuse et difficile. Et qui n’a jamais vécu les sensations d’un cheval qui se soutient seul, ne pèse pas dans la main, remonte son garrot et donne son accord pour exécuter un mouvement, n’a aucune idée de ce que cela représente, implique, signifie.


Et c’est à cet endroit que la discussion devient impossible et qu’on se retrouve dans la situation évoquée au début de ce texte où deux avertis parlent entre eux d’une chose que le non averti ne peut tout simplement pas comprendre. Et il n’existe aucun diplôme qui permette de le savoir ! Même le meilleur vétérinaire, le plus grand éthologue ou le plus grand scientifique de la question équine ne peuvent pas savoir ça s’ils ne l’ont pas vécu. L’expérience n’étant pas transmissible, il est impossible, pour qui ne sait pas mettre un cheval au rassemblé, de comprendre une discussion, une image ou une vidéo d’un couple cavalier/cheval qui le vit. 


Or, combien de cavaliers sur l’ensemble des équitants savent réellement mettre un cheval sur la main sans que ce dernier ne s’avachisse entre ses omoplates ? Combien savent asseoir leur monture ? Combien encore aborderont dans leur vie le passage, le piaffer ou le trot allongé ? 

Et combien commentent les images des athlètes de dressage de haut niveau ? CQFD.


Je disais au début qu’il était logique que le dressage soit plus ciblé par la critique que le CSO ou le complet. L’explication est simple en effet, sur le nombre d’équitants, combien pratiquent le saut d’obstacle et combien pratiquent le dressage ? 

Ce n’est pas parce que dans les deux cas un humain chevauche un cheval que pour autant nous pratiquons le même sport, la même discipline. 

Alors quand Ginette critique le dressage sur les réseaux sociaux, sa parole a autant de valeur que si elle critiquait du saut à la perche ou du ski nautique. De la même façon que l’article écrit par Clément Lacombe et Ingrid Gallois dans le nouvel Obs a autant d’intérêt que si je vous faisais un papier sur le boson de Higgs.


Un peu plus grave, il en va de même pour certains “professionnels” de la santé équine, qui ne jurent que par l’angle des articulations, les temps de posée des membres, oubliant que le cheval est un être vivant et non pas une machine ! Est-ce qu’ils s’amusent aussi à mesurer l’angle des grands écarts des gymnastes pendant les sauts de biche ?

Ce serait rigolo cela-dit, “Ah ! Elle a 2 degrés en trop, ce n’est pas bon pour ses ligaments, vite, crions au scandale. Comment ça elle est plus souple de nature et ça n’a duré que quelques secondes ? Mais on s’en fout ! Nous, on veut des règles, des compas et des rapporteurs !”.

Évidemment qu’un cheval en hyperflexion forcée tout du long d’une reprise ou d’une détente est un problème, mais aller chercher les quelques secondes durant lesquelles le cheval s’est retrouvé le chanfrein un peu en dessous de la verticale pour faire des captures d’écran, est juste dénué de sens.

Cette attitude n’est pas constructive, ni pour le cavalier, ni pour le cheval !


4 Une injonction à la perfection pour un cheval qui n’est pas une machine.


Cet acharnement à guetter le moindre petit défaut fait naître une sorte d’injonction à la perfection pour le cheval et le cavalier, non en fait juste le cavalier, le cheval n’est jamais considéré comme responsable, même en partie, de ses mouvements.

Cette idée que le cheval fait des erreurs/fautes à cause et uniquement à cause des actions du cavalier revient à dire qu’il est une marionnette dénuée de toute émotion ou décision propre, qu’il n’est qu’un robot exécutant. Or, tout cavalier digne de ce nom sait que ce n’est pas le cas ! 


Ouah incroyable ! Le cheval participe !


Bien sûr que le cheval peut avoir une émotion, prendre une décision, avoir ses humeurs, ses jours avec et ses jours sans, avoir envie, ou pas du tout, aimer se montrer ou être timide, anticiper les demandes de son cavalier, prendre la main, en sortir ou s’enrouler, être travailleur ou flemmard, mais pas seulement. Il a aussi un physique qui lui est propre, des facilités pour certains exercices et pas pour d’autres, un corps plus ou moins souple, une tendance naturelle au rassemblé ou à l’allongement, une bonne proprioception ou pas. Bien sûr qu’un cheval peut se tromper, s’emmêler les pinceaux.

On oublie trop souvent et trop facilement, quand on ne le monte pas, qu’il est un partenaire à part entière et que beaucoup de choses dépendent aussi de lui.

Ce n’est peut-être pas tout à fait pour rien que tous les chevaux ne sont pas des chevaux de grand prix. S’il suffisait de les forcer, nous ferions tous les JO.

Pour reprendre la célèbre citation du maître Nuno Oliveira : “ On ne peut rien exiger d’un cheval sans son consentement.”

Impossible de faire une pirouette au galop ou d’aller sauter 1m60 avec un cheval qui ne veut pas !


Bien sûr qu’un entraineur peut avoir un comportement abusif, bien sûr qu’il faut être vigilant sur les méthodes d’entrainement, bien sûr qu’il faut bannir au maximum la violence. 

Mais n’oublions pas que ce qui nous réunit sous les posts équestres, ce qui nous anime suffisamment pour regarder, commenter ou poster du contenu, c’est avant tout notre amour pour les chevaux et l’équitation. 

(Et non, je ne ferai pas un paragraphe sur “certains préfèrent l’équitation aux chevaux”, sinon ce sera beaucoup trop long, ça l’est déjà, on a perdu Simone là-bas dans le fond !)


Les athlètes de haut niveau aussi aiment les chevaux et l’équitation, sinon ils n’y auraient pas dédié toute leur vie. D’autant que ce n’est pas vraiment un sport gratifiant financièrement parlant.

Et puis eux aussi lisent les commentaires, il ne faut jamais oublier que derrière toute cette matière donnée en pâture à la foule, il y a des êtres humains qui travaillent tous les jours pour donner le meilleur d’eux-mêmes et de leurs chevaux. 

Ils n’en restent pas moins des humains avec tous leurs défauts, comme vous et moi.


Personne ne se lève un matin en se disant “Tiens ! Et si je devenais un cavalier professionnel afin de torturer des chevaux !”.

Et il faudrait encore tout un paragraphe pour expliquer comment les athlètes, et ce quel que soit le sport, gymnastique, course à pied, etc en arrivent parfois à des extrêmes pour la performance. Comment les enjeux du sport peuvent amener une personne à se faire du mal à elle-même pour la victoire, et donc comment on peut en arriver à faire du mal à un cheval dans ce cadre là. Mais je pense qu’il faudrait presque un livre pour vraiment parler en profondeur de tout ça. 


Mais déjà, allons vivre le dressage avant de le critiquer, mais ne perdons pas pour autant notre sens critique. Étayons-le seulement de connaissances qui donneront du corps et du sens à nos propos, même les plus venimeux. Car la critique est nécessaire, non ! la bonne critique seulement !


Je suis pour la critique, même des grands maîtres, mais pas n’importe comment, pas par n’importe qui.


Comme me disait un ami “Il n’y a qu’une équitation, la bonne !” 

Comme me disait une amie, “Pour attaquer son ennemi, il faut le connaître de l’intérieur” et elle a fini par épouser le concept qu’elle dénommait son ennemi. 

Le dressage n’est pas un ennemi, mais vous aurez compris.


Nous parlerons des défenseurs de la cause animal dans un autre article, il y a trop à dire pour continuer ici.

En attendant, ne leur donnons pas du grain à moudre, par pitié.


Aimons nos chevaux et notre sport/art suffisamment pour nous instruire suffisamment avant d’incriminer les autres pratiquants. Soyons assez assidus à cheval pour ne pas parler de ce que l’on ne connaît pas. Ayons un peu plus de respect pour les gens d’expérience qui ont démontré leurs capacités.

Fuyons les sectes qui scindent les équitants et soyons un peu plus solidaires entre cavaliers, l’avenir de notre sport et son évolution vers du mieux ne passera pas par un lynchage systématique et idiot.



PS : Ce texte est trop court et manque de détail et de profondeur mais je voulais quand-même réagir assez rapidement après les JO. Néanmoins, je suis frustrée de ne vous livrer que ça et j’espère trouver le temps pour écrire plus, arriver au bout de ma réflexion et aborder des sujets tout aussi important comme celui des défenseurs des animaux mais pas que ! L’affaire Charlotte Dujardin, les conflits entre athlètes, le “c’était mieux avant” spoiler ; non !, accepter de voir les athlètes évoluer et de ne pas les enfermer définitivement dans des catégories, la question de l'acceptation de l'effort, la question de la souffrance dans la nature vs en captivité etc etc…


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